Nous voilà au Maroc ! Pour Gizem et les enfants, c’est la première fois. Moi, j’étais déjà venu quand j’avais 19 ans, mais juste dans la ville d’Agadir. Ma façon de voyager était complètement différente à cette époque, donc je n’ai quasiment vu que l’hôtel et la plage. Du coup, on peut dire que pour moi aussi, c’est une première et ça commence par la visite de la ville de Tanger !
Tanger, une ville “bien gardée”
On vient d’installer le camping-car au camping “Miramonte” à Tanger. Il n’est que le début de l’après-midi, donc on décide d’aller visiter la “Medina”, c’est à dire la partie ancienne de la ville. La medina se trouve à 3km du camping, donc on veut y aller à pied. C’est une bonne marche de 30 minutes à côté de l’océan.
La première chose qu’on remarque c’est qu’à chaque 50 mètres, il y a un militaire qui tient la garde. On se dit qu’il doit y avoir un événement spécial ce soir-là. Plus tard, on se rend compte que c’est souvent le cas dans les grandes villes au Maroc, il y a beaucoup de policiers et militaires partout.
Sur les routes et souvent à l’entrée d’une ville, il y a souvent un checkpoint policier (pour lesquels nous n’avons jamais dû s’arrêter d’ailleurs …).
Spécialité de la région du Rif
Dès qu’on s’approche du centre, un gentil monsieur me demande si je cherche à acheter du haschich (résine de cannabis), je décline aussi gentiment.
Avant de venir au Maroc, j’avais fait quelques recherches sur le pays et j’avais découvert que le Maroc est le premier producteur et exportateur de haschich dans le monde (selon les Nations Unies). C’est en effet la région du “Rif”, de laquelle Tanger fait partie, qui abrite des dizaines de milliers d’hectares de cultures de cannabis, à partir desquelles est produit le haschich marocain. Cela peut expliquer un peu cette première rencontre dans la Medina de Tanger.
L’ambiance de la medina
On entre dans la Medina et tout de suite on sent une sacrée activité. Il y a des petits magasins partout, les gens courent dans tous les sens, tout le monde parle en même temps…
On remarque aussi tout de suite un mélange de modernité et de tradition. On voit des hommes habillés en djellaba (la tenue traditionnelle répandue dans tous les pays de l’Afrique du Nord) en train de discuter avec d’autres hommes habillés en training de Nike. De la musique traditionnelle sort d’un salon de thé et dans l’épicerie à côté, on entend de la musique hip-hop arabe.
On voit des jeunes filles se promener main dans la main, certaines voilées, d’autres pas. Même, quand les marocains parlent arabe, ils utilisent pas mal de mots en français. En tous cas, ça fait un mélange bien exotique tout ça ! En ayant commencé notre tour d’Europe en Belgique, France, Espagne et Portugal, c’est un peu ça qui nous manquait, un bon petit choc culturel ça ne fait pas de mal !
Le “hustle” commence
On découvre la ville en se perdant dans les ruelles et comme si on l’avait mis dans le GPS, on tombe sur le magasin d’Inwi, une des entreprises de télécommunication au Maroc. Nous avons besoin d’acheter un forfait 4G comme nos abonnements français surchargent à fond en dehors de l’Europe.
On est approché par un jeune homme habillé en tenue Inwi qui essaie de nous vendre une carte sim. On se demande juste pourquoi il le fait à l’extérieur du magasin alors qu’on est juste à côté, donc on lui dit qu’on préfère entrer. Il ne nous suit pas et quand on demande à l’employé dans le magasin si le monsieur dehors fait partie d’Inwi, comme il a la tenue avec le logo et tout, il nous répond “je ne le connais pas, il n’a rien à voir avec nous”.
C’était notre introduction au “hustle” marocain et ce n’est certainement pas le dernier cas ! Quelques minutes plus tard, on sort avec la 4G et internet junkies que nous sommes, nous sommes heureux.
Une promenade sport extrême dans les rues de Tanger
On décide de retourner au camping, mais pourquoi ne pas prendre une autre route, par l’intérieur cette fois-ci. On commence à suivre le GPS et après un quart d’heure de marche, il nous indique qu’on doit prendre la prochaine à droite. Sauf qu’il s’agit d’une toute petite ruelle en pente avec au moins 200 escaliers. Payna dort dans la poussette, donc c’est un peu compliqué… on essaie de voir un peu plus loin s’il n’y a pas d’alternative. Après quelques centaines de mètres, on a bien compris, il va falloir s’y faire. C’est à un moment comme ça qu’on regrette ne pas avoir pris le porte-enfant de randonnée au lieu de la poussette.
Je commence à monter les escaliers, un par un, en tirant la poussette en marche-arrière. Les locaux qu’on croise nous sourient, sûrement en pensant “Yalla ces touristes sont fous”. Finalement, on atteint le sommet ! Pour découvrir que la prochaine rue est pareil… et la prochaine… et la prochaine… Voilà comment une petite promenade tranquille en famille peut vite devenir un sport extrême !
On arrive au camping en pleine sueur, comme si on vient de courir le marathon de Tanger. Le restaurant du camping est encore ouvert, donc on mange notre premier repas marocain: Harira (soupe marocaine) et Tagine de légumes. On demande de la semoule avec, mais le serveur ne comprend pas ce qu’on veut dire. Je lui montre une photo sur Google et il me dit “Aaaah, du couscous!” Je suis confus, je pensais que le plat s’appelle couscous, mais les céréales s’appellent semoule. Apparemment, au Maroc, on appelle tout ça simplement couscous. On apprend aussi qu’au Maroc, le couscous, c’est le repas du vendredi, après la prière à la mosquée, donc aujourd’hui il n’y en a pas. Ce n’est d’ailleurs qu’un bon mois plus tard que le timing correspondra finalement et qu’on mangera notre premier couscous, à Essaouira !
Expérience barbier !
Le lendemain, on refait la route vers la Medina (cette fois-ci avec le porte-enfant de rando !). On se promène, on regarde, on goûte, on écoute… et je cherche un barbier ! Ma barbe commence à vivre une vie parallèle et mes cheveux commencent à ressembler à la tête d’un moine shaolin qui a perdu son rasoir.
On passe un salon de coiffure et j’essaie d’estimer si le barbier a du talent ou pas (j’avoue, je ne sais pas comment je peux estimer cela, mais disons que c’est l’intuition).
A ce moment-là, un monsieur dans la rue remarque que je regarde à l’intérieur du salon et il me demande “Tu veux te faire raser?”. Je réponds “Oui, peut-être”. Il m’invite à l’intérieur donc, j’assume qu’il travaille là.
Ensuite, il commence à parler à l’autre barbier qui travaille sur un client. Une discussion animée commence … Je commence à me demander ce qui se passe… jusqu’à ce que Gizem capte le mot “bakchich” dans la discussion, ce qui veut dire “pourboire”. En Turquie, ils utilisent le même mot.
A ce moment-là, on comprend ce qui se passe. Le monsieur qui m’a invité ne travaille pas dans le salon de coiffure et ne connaît même pas le barbier ! Il lui a juste demandé s’il pouvait utiliser sa chaise et son matériel pour me raser et en échange, il lui donnera un pourboire. Je dis vite “En fait, j’en ai pas vraiment besoin, ce sera pour une prochaine fois” et on sort. Le monsieur me suit et me donne sa carte de visite… d’un magasin d’antiquités !!! J’ai failli me faire couper la barbe et les cheveux pas un antiquaire !
Quelques heures plus tard, je tombe sur un jeune barbier avec son salon de 2m2 et je décide de lui donner une chance. Il est super sympa, en revanche, on sort de là 2 heures (!!!) plus tard. J’hésite d’appeler le Guiness Book of Records pour le crâne rasé le plus lent depuis tous les temps.
Je crois qu’on a bien visité Tanger. Demain, on quitte la ville et on prend la route vers Asilah !
Paul.